Il y a des choses vraies, dans cette interview, c'est évident... Mais des vérités que Finkielkraut est un des moins bien placés pour énoncer.
Dans l'ordre...
- Citation :
- Critiquons la société pour ce qu'elle a de pire, et ce qu'elle a de pire c'est notamment cette jet set...
Très juste! Voir le passage consacré à la jet set dans
La dictature de la petite bourgeoisie, de Renaud Camus...
Mais critiquer la jet set et, en même temps, voter Sarkozy, comme le fait Finkielkraut, c'est perdre toute crédibilité!
Idem après, lorsqu'il dénonce la société de consommation ou, tout au moins, ses dérives: ça sonne faux venant d'un soutien de Sarkozy.
- Citation :
- Il fut une époque pas si lointaine, et peut-être l'avez-vous connu aussi, où on respectait les professeurs pour leur savoir
Là, ce que Finkielkraut ne dit pas, c'est qu'il s'inquiète avant tout de son cas personnel. Et, effectivement, il n'y a pas grand monde ici bas à respecter Finkielkraut "pour son savoir". Maoïste quand c'était à la mode, mitterrandiste en 1981, sarkozyste depuis quelques années et sioniste depuis toujours, mais également critique d'un film qu'il admet après coup n'avoir pas regardé... qui pourrait "respecter" pareille salope intellectuelle?
- Citation :
- On voyait une majorité d'émeutiers noirs et d'émeutiers maghrébins...
Finkielkraut, en bon sioniste, focalise l'attention sur la couleur de peau des émeutiers. Son constat est indéniable: oui, la majorité des émeutiers étaient noirs ou maghrébins. On pourrait tout aussi bien dire que 99% des émeutiers étaient issus du prolétariat ou du lumpenprolétariat (beaucoup de cette dernière strate/classe sociale, d'ailleurs: c'est une des explications de la forme qu'ont pris ces émeutes).
- Citation :
- ...alors si c'est [ces émeutes] social et purement social...
Mais non, assurément, ces émeutes ne sont pas "purement" sociales... d'ailleurs, à part quelques sociologues-de-gÔche, personne n'a jamais affirmé qu'elles étaient
uniquement sociales. Elles ont aussi une certaine dimension ethnique... Par la force des choses, puisque les jeunes appartenant aux "minorités visibles" et habitant dans des quartiers populaires/cités sont harcelés par les forces de l'ordre (bourgeois): il n'y a donc rien de surprenant à ce qu'ils soient sur-représentés parmi ceux qui ont envie d'en découdre. Seulement, cette dimension n'a pas été le trait déterminant de ces émeutes (cf. le rapport des RG à ce sujet).
Finkielkraut semble ensuite prendre position contre la discrimination positive (comment une discrimination peut-elle être "positive"? Novlangue, quand tu nous tiens...). Très bien! Moi aussi, je suis contre la discrimination positive. La discrimination positive, ça consiste à reconnaître aux minorités visibles le droit de rentrer à l'IEP Paris, à l'ENA, à l'Assemblée Nationale, au Sénat, dans les conseils d'administration des grandes entreprises... bref, ça consiste à reconnaître aux minorités visibles
leur droit égal à faire partie de la classe dominante. En tant que communiste, j'me fous pas mal de savoir si la bourgeoisie est blanche, noire ou martienne!
On voit bien avec l'exemple américain que les politiques de discrimination positive sont parfaitement aptes à produire les criminels de guerre dont la bourgeoisie a besoin: Colin Powell, Condoleeza Rice...
En France, on a déjà Dati (qui veut faire
"de la rénovation urbaine à coup de Kärcher"), Yade (qui a soutenu la guerre contre le peuple irakien), la très pute très soumise Fadela Amara... Et ce n'est qu'un début!
Sur ce point également, Finkielkraut n'est pas cohérent, vu qu'il soutient Sarkozy, qui est un fervent partisan de la discrimination positive.
- Citation :
- Je m'inquiète, moi, effectivement, de cette haine dont la France est l'objet, cette haine qu'on entend dans un certain nombre de textes de rap [...] quand on dit la France baise là comme une salope
Finkielkraut débarque... Renaud - chanteur blanc de variété française - a écrit
Hexagone il y a plus d'un tiers de siècle! Il protestait, le Alain, à l'époque? Non, il était trop occupé à jouer les mao spontex...
D'ailleurs, si c'est au morceau
FranSSe de Monsieur R que Finkielkraut fait référence, eh bien, il n'a pas choisi le bon exemple, puisqu'il y a un avertissement au début de la chanson:
"Quand je parle de la France, je ne parle pas du peuple français, mais des dirigeants de l'État français". Alors que Renaud, lui, c'est bien du peuple qu'il parlait...
Dans une autre interview, Finkielkraut, qui veut faire son intéressant en parlant de rap, évoque même un rappeur appelé "Docteur R".
Il a peut-être confondu avec Doc Gyneco, qu'il a sûrement déjà croisé à un meeting UMP!
- Citation :
- les Blancs, les Français de souche, les Européens n'ont pas le monopole du racisme
C'est tout à fait vrai. Et alors?
- Citation :
- ...comme le dit Michèle Tribalat, on assiste dans certains quartiers à un phénomène de substitution démographique, parce que des gens, en effet, d'origine française ou d'origine européenne, s'en vont...
Vieille antienne qu'affectionnent tous les intellectuels à plat ventre: jouer sur la peur de "l'invasion", diviser pour mieux régner, convaincre le prolétaire blanc que son pire ennemi c'est le prolétaire immigré (bien souvent encore plus exploité).
Il y a toujours, chez Finkielkraut, en filigrane de ce genre de propos, son dévouement abject à l'État sioniste. Il n'est pas possible de concilier durablement des opinions colonialistes sur le conflit israélo-palestinien avec des prétentions universalistes...