RAP, CLASSE OUVRIERE ET SUBVERSION
Cet article se veut une contribution pour que le rap redevienne une musique libre, indépendante et subversive.
Le rap est une des disciplines de la culture hip-hop aux côtés de la danse et du graffiti.
Le rap est composé par deux acteurs : le MC et le DJ.
Le rap est un mode d’expression urbain, né dans le Bronx au milieu des années 70, et désormais présent dans tous les pays.
Le rap vient de la rue, et on comprend très vite pourquoi il s’est répandu dans les grandes métropoles, notamment à Paris et sa banlieue.
Le rap dénonce, conteste, raconte, instruit, interpelle ; des bavures policières, le pouvoir, l’histoire, la jeunesse, les consciences.
Le rap est gratuit et militant de naissance. Il est accessible à tous et toutes, et représente la classe exploitée. Il tire sa rage de l’esclavage de la classe ouvrière, et rassemble les jeunes fraternellement le temps d’une chanson. Le paradoxe vient du fait, que le rap possède une conscience politique très forte mais n’a jamais tissé de liens durables avec le mouvement ouvrier et ses organisations. Pire même, beaucoup des représentants mis en avant, sont passés dans le camp de l’ennemi, en signant avec l’industrie du disque, en promotionnant des marques de toute sorte ; en clair, en jouant avec le système capitaliste. Exit ses racines populaires. Exit l’engagement politique de cette musique.
Pourtant on aurait pu croire, au début 90 en France, que le rap était le porte-parole des banlieues dans la lutte de classe. Les discours des NTM ( « Car les dés seront lancés lorsque la masse réagira, contre le conditionnement établit par les gros bœufs qui nous gouvernent, et lorsqu’elle comprendra qu’elle est le pouvoir ! » ), IAM ( « Mettez la culture et le savoir toujours en avant, marchez vers la lumière inexorablement, ils succomberont inévitablement face à notre unité » ) et Assassin ( « La prise d’assaut doit être sur un point politique, contrer l’économie capitaliste par l’abrogation des institutions… Le combat ne sera pas dans les urnes mais dans la rue, le peuple doit se soulever pour être reconnu ! » ) avaient réellement un sens subversif. Mais très vite, le mouvement s’est adapté au système, et les trop rares restés intègres, comme Assassin Productions ( voir
www.assassin-productions.fr ) ou Fabe, ont arrêtés leurs activités. Le Cercle Rouge, en lien avec le Mouvement de l’Immigration et des Banlieues, avait sorti en 1997, un disque défrayant la chronique : « 11’30 contre les lois racistes ». Seul quelques groupes connus continuent de défendre leur classe ouvrière, comme par exemple La Rumeur ( « Le rap n’est pas libérateur dans l’absolu. Il y a un rap aliénant, matérialiste, vidé de sa subversion. Et, derrière, une instrumentalisation de ce rap-là, pour masquer les problèmes, ravaler la façade, avec l’appui de l’industrie du disque qui le bombarde. Un modèle en phase avec l’idéologie bourgeoise, capitaliste, alors que le rap est né dans la merde. Et que l’une de ses fonctions fondamentales est de retourner le stylo contre les causes qui génèrent cette merde » ).
On peut dire que le rap mis en avant est désormais loin de ses origines sociales. Il est trop souvent utilisé par la religion, le communautarisme et la violence gratuite. La classe dominante et oppressante, en criminalisant le rap, en a fait un outil médiatique pour propager dans la classe exploitée ses valeurs individualistes et ses modes bourgeoises. Beaucoup de rappeurs pensent d’abord à leur carrière et ne transmettent plus de message. Mais cela fait partie d’un ensemble. Tout comme les directions syndicales sont devenus de bons partenaires sociaux, le rap revendicateur a été récupéré par les capitalistes afin d’étouffer tout appel à la révolution. On comprend mieux pourquoi cette culture de la rue se retrouve si éloigné, à la radio ou à la télé, de sa classe ouvrière et de ses combats.
Mais je ne pourrais terminer cet article sans remercier ceux qui face à cette récupération continue de véhiculer la subversion à travers un micro. Des groupes se forment un peu partout, dans les banlieues et les provinces, pour reprendre le flambeau et ranimer la flamme du rap. Ils sont malheureusement censurés ou étouffés mais l’information circule toujours dans les bas-fonds de l’underground.
Rémi pour Jeunesse Révolution.