| | Poésie/citations/et autres textes... | |
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[admin] Suprême Assassin
Nombre de messages : 1247 Date d'inscription : 26/10/2005
| Sujet: Poésie/citations/et autres textes... Sam 10 Fév - 0:42 | |
| Voila, j'ouvre un topic pour la Poésie, balancez vos textes. J'commence par un texte de Jehan-Rictus tiré de "les soliloques du pauvre", "L'Hiver" - Citation :
- Merd’ ! V’là l’Hiver et ses dur’tés,
V’là l’ moment de n’ pus s’ mettre à poils : V’là qu’ ceuss’ qui tienn’nt la queue d’ la poêle Dans l’ Midi vont s’ carapater !
V’là l’ temps ousque jusqu’en Hanovre Et d’ Gibraltar au cap Gris-Nez, Les Borgeois, l’ soir, vont plaind’ les Pauvres Au coin du feu... après dîner !
Et v’là l’ temps ousque dans la Presse, Entre un ou deux lanc’ments d’ putains, On va r’découvrir la Détresse, La Purée et les Purotains !
Les jornaux, mêm’ ceuss’ qu’a d’ la guigne, À côté d’artiqu’s festoyants Vont êt’ pleins d’appels larmoyants, Pleins d’ sanglots... à trois sous la ligne !
Merd’, v’là l’Hiver, l’Emp’reur de Chine S’ fait flauper par les Japonais ! Merd’ ! v’là l’Hiver ! Maam’ Sév’vrine Va rouvrir tous ses robinets !
C’ qui va s’en évader des larmes ! C’ qui va en couler d’ la piquié ! Plaind’ les Pauvr’s c’est comm’ vendr’ ses charmes C’est un vrai commerce, un méquier !
Ah ! c’est qu’on est pas muff en France, On n’ s’occupe que des malheureux ; Et dzimm et boum ! la Bienfaisance Bat l’ tambour su’ les Ventres creux !
L’Hiver, les murs sont pleins d’affiches Pour Fêt’s et Bals de charité, Car pour nous s’courir, eul’ mond’ riche Faut qu’y gambille à not’ santé !
Sûr que c’est grâce à la Misère Qu’on rigol’ pendant la saison ; Dam’ ! Faut qu’y viv’nt les rastaqoères Et faut ben qu’y r’dor’nt leurs blasons !
Et faut ben qu’ ceux d’ la Politique Y s’ gagn’nt eun’ popularité ! Or, pour ça, l’ moyen l’ pus pratique C’est d’ chialer su’ la Pauvreté.
Moi, je m’ dirai : « Quiens, gn’a du bon ! » L’ jour où j’ verrai les Socialisses Avec leurs z’amis Royalisses Tomber d’ faim dans l’ Palais-Bourbon.
Car tout l’ mond’ parl’ de Pauvreté D’eun’ magnèr’ magnifique et ample, Vrai de vrai y a d’ quoi en roter, Mais personn’ veut prêcher d’exemple !
Ainsi, r’gardez les Empoyés (Ceux d’ l’Assistance évidemment) Qui n’assistent qu’aux enterr’ments Des Pauvr’s qui paient pas leur loyer !
Et pis contemplons les Artisses, Peint’s, poèt’s ou écrivains, Car ceuss qui font des sujets trisses Nag’nt dans la gloire et les bons vins !
Pour euss, les Pauvr’s, c’est eun’ bath chose, Un filon, eun’ mine à boulots ; Ça s’ met en dram’s, en vers, en prose, Et ça fait fair’ de chouett’s tableaux !
Oui, j’ai r’marqué, mais j’ai p’têt’ tort, Qu’ les ceuss qui s’ font « nos interprètes » En geignant su’ not’ triste sort S’arr’tir’nt tous après fortun’ faite !
Ainsi, t’nez, en littérature Nous avons not’ Victor Hugo Qui a tiré des mendigots D’ quoi caser sa progéniture !
Oh ! c’lui-là, vrai, à lui l’ pompon ! Quand j’ pens’ que, malgré ses meillons, Y s’ fit ballader les rognons Du Bois d’ Boulogn’ au Panthéon
Dans l’ corbillard des « Misérables » Enguirlandé d’ Beni-Bouff’-Tout Et d’ vieux birb’s à barb’s vénérables... J’ai idée qu’y s’a foutu d’ nous.
Et gn’a pas qu’ lui ; t’nez Jean Rich’pin En plaignant les « Gueux » fit fortune. F’ra rien chaud quand j’ bouffrai d’ son pain Ou qu’y m’ laiss’ra l’ taper d’eun’ thune.
Ben pis Mirbeau et pis Zola Y z’ont « plaint les Pauvres » dans des livres, Aussi, c’ que ça les aide à vivre De l’une à l’aute Saint-Nicolas !
Même qu’Émile avait eun’ bedaine À décourager les cochons Et qu’ lui, son ventre et ses nichons N’ passaient pus par l’av’nue Trudaine.
Alorss, honteux, qu’a fait Zola ? Pour continuer à plaindr’ not’ sort Y s’a changé en harang-saur Et déguisé en échalas*.
Ben en peintur’, gn’y a z’un troupeau De peintr’s qui gagn’nt la forte somme À nous peind’ pus tocs que nous sommes : Les poux aussi viv’nt de not’ peau !
Allez ! tout c’ mond’ là s’ fait pas d’ bile, C’est des bons typ’s, des rigolos, Qui pinc’nt eun’ lyre à crocodiles Faite ed’ nos trip’s et d’ nos boïaux !
L’en faut, des Pauvr’s, c’est nécessaire, Afin qu’ tout un chacun s’exerce, Car si y gn’ aurait pus d’ misère Ça pourrait ben ruiner l’ Commerce.
Ben, j’ vas vous dir’ mon sentiment : C’est un peu trop d’hypocrisie, Et plaindr’ les Pauvr’s, assurément Ça rapport’ pus qu’ la Poésie :
Je l’ prouv’, c’est du pain assuré ; Et quant aux Pauvr’s, y n’ont qu’à s’ taire. L’ jour où gn’ en aurait pus su’ Terre, Bien des gens s’raient dans la Purée !
Mais Jésus mêm’ l’a promulgué, Paraît qu’y aura toujours d’ la dèche Et paraît qu’y a quèt’ chos’ qu’ empêche Qu’un jour la Vie a soye pus gaie.
Soit ! — Mais, moi, j’ vas sortir d’ mon antre Avec le Cœur et l’Estomac Pleins d’ soupirs... et d’ fumée d’ tabac. (Gn’a pas d’ quoi fair’ la dans’ du ventre !)
J’en ai ma claqu’, moi, à la fin, Des « P’tits carnets » et des chroniques Qu’on r’trouv’ dans les poch’s ironiques Des gas qui s’ laiss’nt mourir de faim !
J’en ai soupé de n’ pas briffer Et d’êt’ de ceuss’ assez... pantoufles Pour infuser dans la mistoufle Quand... gn’a des moyens d’ s’arrbiffer.
Gn’a trop longtemps que j’ me balade La nuit, le jour, sans toit, sans rien ; (L’excès même ed’ ma marmelade A fait s’ trotter mon Ang’ gardien !)
(Oh ! il a bien fait d’ me plaquer : Toujours d’ la faim, du froid, d’ la fange, Toujours dehors, gn’a d’ quoi claquer ; Faut pas y en vouloir à c’t’ Ange !)
Eh donc ! tout seul, j’ lèv’ mon drapeau ; Va falloir tâcher d’êt’ sincère En disant l’ vrai coup d’ la Misère, Au moins, j’aurai payé d’ ma peau !
Et souffrant pis qu’ les malheureux Parc’ que pus sensible et nerveux Je peux pas m’ faire à supporter Mes douleurs et ma Pauvreté.
Au lieu de plaind’ les Purotains J’ m’en vas m’ foute à les engueuler, Ou mieux les fair’ débagouler, Histoir’ d’embêter les Rupins.
Oh ! ça n’ s’ra pas comm’ les vidés Qui, bien nourris, parl’nt de nos loques, Ah ! faut qu’ j’écriv’ mes « Soliloques » ; Moi aussi, j’en ai des Idées !
Je veux pus êt’ des Écrasés, D’ la Mufflerie contemporaine ; J’ vas dir’ les maux, les pleurs, les haines D’ ceuss’ qui s’appell’nt « Civilisés » !
Et au milieu d’ leur balthasar J’ vas surgir, moi (comm’ par hasard), Et fair’ luire aux yeux effarés Mon p’tit « Mané, Thécel, Pharès ! »
Et qu’on m’ tue ou qu’ j’aille en prison, J’ m’en fous, j’ n’ connais pus d’ contraintes : J’ suis l’Homme Modern’, qui pouss’ sa plainte, Et vous savez ben qu’ j’ai raison !
1894-1895
_______________________
* Note de l’Auteur. — À l’époque où ce poème fut écrit, Émile Zola, qui était affligé d’une obésité considérable, suivit un traitement qui le réduisit à rien. cité par Daniel Mermet, autres textes de cet auteur : http://www.florilege.free.fr/jehan-rictus/les_soliloques_du_pauvre.html
Dernière édition par le Ven 18 Mai - 15:45, édité 1 fois | |
| | | sRiL Suprême Assassin
Nombre de messages : 1173 Localisation : 92 Date d'inscription : 27/10/2005
| Sujet: Re: Poésie/citations/et autres textes... Sam 10 Fév - 13:05 | |
| Je continue avec le celèbe poème de Rimbaud (1854 / 1891) Le dormeur du val
C'est un trou de verdure où chante une rivière, Accrochant follement aux herbes des haillons D'argent ; où le soleil, de la montagne fière, Luit : c'est un petit val qui mousse de rayons.
Un soldat jeune, bouche ouverte, tête nue, Et la nuque baignant dans le frais cresson bleu, Dort ; il est étendu dans l'herbe, sous la nue, Pâle dans son lit vert où la lumière pleut.
Les pieds dans les glaïeuls, il dort. Souriant comme Sourirait un enfant malade, il fait un somme : Nature, berce-le chaudement : il a froid.
Les parfums ne font pas frissonner sa narine ; Il dort dans le soleil, la main sur sa poitrine, Tranquille. Il a deux trous rouges au côté droit. | |
| | | [admin] Suprême Assassin
Nombre de messages : 1247 Date d'inscription : 26/10/2005
| Sujet: Re: Poésie/citations/et autres textes... Ven 18 Mai - 15:46 | |
| celle là me fait bien rire :
"Heureux qui, profitant des plaisirs de la terre, Baisant un petit cul, buvant dans un grand verre Remplit l'un, vide l'autre, et passe avec gaieté Du cul de la bouteille au cul de la beauté."
Paul Verlaine | |
| | | [admin] Suprême Assassin
Nombre de messages : 1247 Date d'inscription : 26/10/2005
| Sujet: Re: Poésie/citations/et autres textes... Ven 18 Mai - 21:34 | |
| Il ne faut jamais juger les gens sur leurs fréquentations. Tenez, Judas, par exemple, il avait des amis irréprochables. [ Paul Verlaine ]
Pour la jeunesse, le bonheur c'est jouir. Ne pas souffrir est le bonheur de l'âge. [Julien Green]
Homme sans ennemis, homme sans valeur. [Proverbe bosniaque] | |
| | | [admin] Suprême Assassin
Nombre de messages : 1247 Date d'inscription : 26/10/2005
| Sujet: Re: Poésie/citations/et autres textes... Ven 18 Mai - 22:07 | |
| "Je ne résumerai jamais mieux ma pensée qu’avec ces paroles répétées inlassablement à un flic, rue de la harpe, tandis qu’il me cognait tout aussi inlassablement la tête contre la paroi du car : ‘Je suis maoïste et je t’emmerde !’" Fajardie
Ca ça claque! trouvé sur abcdrduson.com , chronique du nouvel album de la rumeur. | |
| | | [admin] Suprême Assassin
Nombre de messages : 1247 Date d'inscription : 26/10/2005
| Sujet: Re: Poésie/citations/et autres textes... Dim 20 Mai - 1:37 | |
| 10 lignes en 10 ans.Quand j'posais mon premier tag, tu terminais ton millième spliff. Quand j'entamais les tunnels, t'as tâté ton premier G. J'étais derrière toi à Château Rouge, j'ai mis ma griffe. En haut d'l'escalator, t'as pris ta dose et t'es repartit... Mon premier train, j'l'ai peint, tu dormais dedans. Pourtant au lycée, j'étais au fond et toi t'étais devant. Sur un quai, j'attendais pour la photo mon métro... "Au voleur !" a crié cette vielle dame, j't'ai vu courir comme un fou. Stalingrad, j'l'ai fait, par l'pylone, j'quittais la stat'. Sur ma droite, sur une vitrine, avec une batte, t'as frappe'. La bijouterie détruite, t'as pris trois chaînes, deux bagues et la fuite. Vendre vite pour tes deux grammes de rêves, et la suite... Poursuite dans la rue, j'avais tag sur les murs, ils m'ont coursé. T’as cru qu'c'était pour toi, tu t'es caché, ils m'ont soulevé... A Cité, sans lacets, on c'est revu dans la cellule. J'sortais l'soir même, tu partais pour un an : Vol de voiture. J'ai remis ça à peine dehors et toi... Six mois, trois semaines de cure, et t'a replonge' à la goutte d'or... La dernière fois qu'on c'est croisé, j'avais 28, t'atteignait trente. Plus d'mille trains a mon actif, et toi pourquoi tu trembles ? Résume 10 ans en dix lignes, difficile, mais c'texte y ressemble. J'écris en tag, j'parle en rap, j'leur doit ma vie, me parle pas d'chance. Nos chemins était sombres, j'y est mis d'la couleur, t'as mis d'la blanche. Ton destin, prends le par l'manche ou flanche... Pourquoi tu t'penches ? Verbol K. Wild*War source : http://www.90bpm.net/forum/index.php/topic,22010.75.htm | |
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